RAM - Un logo, un jingle et une vidéo pour le Réseau Alpha Mouscronnois
Description
Un projet pilote à l’échelle du territoire mouscronnois
L’option fut prise de circonscrire, dans un premier temps, le projet à l’échelle d’une commune avant d’envisager un essaimage plus large en Wallonie picarde. Rapidement, plusieurs signaux nous ont convaincus qu’il y avait un enjeu à démarrer l’expérience avec le PCS de Mouscron. Depuis quelque temps déjà, à Mouscron, le volume des groupes en formation se réduisait. En outre, malgré un taux d’infrascolarité élevé en territoire mouscronnois et de fortes probabilités d’illettrisme, nous touchions de moins en moins de personnes belges. Le risque était bien présent de perdre une partie du public. Enfin, le PCS de Mouscron était demandeur et enthousiaste de porter la question de l’alphabétisation et y voyait un réel enjeu : garantir aux personnes en situation d’illettrisme le droit à l’alphabétisation et, plus largement, à l’ensemble des droits fondamentaux.
En mai 2014, c’est donc sous la forme d’une formation intitulée Motiver les personnes à s’alphabétiser? que le projet a vu le jour. Avec le soutien de la Ville, cette formation, proposée à l’ensemble des partenaires du PCS, accueillit une trentaine de professionnels d’horizons divers. Trois groupes de formation ont ainsi été composés. Parmi les participants, il y avait des représentants de services communaux tels que le Pôle Égalité des chances, le Service des A aires sociales, le Service Famille (crèches et maison maternelle) et le Service juridique, ainsi que d’autres partenaires comme la Bibliothèque de Mouscron, le Conseil Consultatif pour l'Intégration des Personnes Handicapées, l’Initiative Locale d’Accueil du CPAS de Mouscron, la Régie des Quartiers Citoyenneté, le Service de Prévention de la Santé à l’École et la Société de Logements Mouscronnois.
L’objectif de la formation
En trois demi-journées, l’objectif de la formation était de cerner la problématique de l’illettrisme via une méthodologie participative. De quoi parle-t-on? Quel est le problème? Pourquoi est-ce ainsi? Que faire? À partir des connaissances des participants et de la confrontation de leurs représentations, ce travail devait leur permettre de connaitre l’offre d’alphabétisation, d’identifier les personnes à qui elle s’adresse et d’adopter une posture professionnelle facilitant l’accueil et l’accompagnement, voire l’orientation des personnes vers l’alpha. Le pari de la formation était donc bien de co-construire des savoirs communs en mutualisant et confrontant les expériences, connaissances et expertises d’accueil des professionnels présents. Outre cet enjeu de formation, il y avait également un enjeu de production puisque les participants étaient invités à penser et conceptualiser un outil au service du droit à l’alphabétisation. Les échanges ont ainsi contribué à alimenter et guider la réalisation de trois outils pratiques faits par et pour les professionnels de terrain, avec la collaboration de l’ensemble des intervenants du projet.
Trois groupes, trois outils
Le premier outil fait suite à une réflexion sur les possibilités d’identifier les éventuelles difficultés des personnes en vue de mieux les accompagner. Mais après avoir identifié des indices permettant de repérer des personnes en situation d’illettrisme, le groupe est finalement revenu sur son intention première. En e et, il a rapidement pris conscience des effets pervers de la démarche, à savoir une stigmatisation des personnes, réduites involontairement à des qualificatifs qui traduisent le manque de, les lacunes en... Cette logique s’inscrivait en porte-à-faux par rapport à sa volonté d’être attentifs aux préjugés et stéréotypes qu’on peut à tort trop facilement porter et véhiculer sur les personnes. D’autre part, l’environnement de travail ou la nature de la relation de travail ne permet pas toujours d’identifier les situations d’illettrisme. Le groupe a donc corrigé le tir. S’il est difficile de repérer les situations d’illettrisme et stigmatisant pour les personnes qui le vivent de faire un travail de repérage, comment nous, professionnels, pouvons-nous être identifiés comme des relais pour l’alpha? C’est ainsi que le groupe a créé un visuel qui a pris la forme d’un plexi-glace placé sur les bureaux des relais. Ce visuel s’accompagne également d’un schéma d’orientation laissé à disposition du professionnel en vue de faciliter l’orientation des personnes vers les bons dispositifs de formation, ceux qui répondent aux attentes des personnes accueillies.
Le second outil quant à lui ne s’appuie pas sur l’écrit pour véhiculer un message. En effet, les éducatrices, assistantes sociales et infirmières du groupe, qui avaient à l’époque en charge la préparation du Salon de la Famille de la Ville, ont proposé au groupe un mode de communication qui pourrait être utilisé lors d’évènements grand public tels qu’un salon. Ainsi, le groupe a planché sur la réalisation d’un « jingle radio » diffusable dans les endroits sonorisés où il y a du passage. Le message : «Les papiers, c’est compliqué! Du mal à déchiffrer? Pas de stress... À Mouscron, il y a une solution. Écrire,lire, calculer, formation gratuite pour adultes. Pour plus de renseignements, contactez le service des Affaires sociales de la Ville de Mouscron.» Ce message a été diffusé lors de différents évènements organisés par la Commune comme le Salon de la Famille et le marché de Noël. Il est également fréquemment diffusé sur les ondes de la dernière radio libre de la région de Mouscron, RQC954.
Enfin, Le troisième groupe de formation a opté pour la réalisation d’un concours vidéo sur le thème « Aujourd’hui, en Belgique, 1 personne sur 10 est en situation d’illettrisme ». La finalité du concours était de permettre aux réalisateurs amateurs mouscronnois de créer des vidéos de sensibilisation (capsules de 45 secondes maximum) pour rappeler la persistance de l’illettrisme, favoriser la prise en compte des personnes qui le vivent, ou encore lutter pour le droit à l’alphabétisation. C’est Hubert Michiels qui a emporté le concours. Sa vidéo a surpris le jury par son originalité, son accroche et son dynamisme : «J’ai découvert l’annonce du concours dans un journal. J’avais tout de suite envie de participer. En m’intéressant à l’illettrisme, j’ai été saisi de découvrir l’ampleur du problème, surtout pour un pays comme la Belgique, au 21e siècle! J’ai essayé de trouver un scénario simple et original pour mon film, pour sensibiliser au mieux le public à l’importance du message : ‘lire est un droit’.» La vidéo du lauréat a été diffusée au Cinéma For&ver de Mouscron en juillet et aout 2016, ainsi que sur la télévision locale Notélé.
